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19 mai 2007 découverte du cimetière privé du Climont pour 4 Sabotier(e)s.

Le Climont: Travail de Mr Claude JEROME

Note manuscrite de Claude JEROME - 1977  Ste Histoire Val de Villé
 
LES ANABAPTISTES DU CLIMONT
               
Claude GEROME


Lorsqu'au mois de décembre 1682 Beat Jacques de ZURLAUBEN reçut en don la " Seigneurie du Val de Viller " par lettre patente signée de la main du roi à Versailles, une ère nouvelle s'ouvrait pour la clairière du Climont.

En effet, jusqu'à ce jour, une seule ferme, la " Blanche Maison " construite en 1551 et toujours " vaillante " en 1977, témoignait de la présence humaine dans ces régions encore sauvages au pied du " Wintersberg "


Mais dès 1683, Jacques de ZURLAUBEN, désireux d'augmenter les revenus de son fief, obtint du roi l'autorisation d'établir des forges sur ses terres. Grandes consommatrices de bois, ces forges exigeaient une gestion rationnelle des forêts, et, du même coup, une surveillance plus stricte du patrimoine sylvicole. Ce dernier rôle incomba à de nouvelles maisons de garde qui furent construites dans les coins les plus retirés du Val, et notamment aux  alentours du Climont.

Ces fermes, liées de fait à l'organisation du domaine seigneurial, avaient donc une double fonction : affirmer la présence indirecte du seigneur - propriétaire  des forêts pour décourager la fraude, et en même temps constituer une source de revenus non négligeables.

Elles furent le plus souvent louées à des paysans étrangers à la région. C'est ainsi que les ZURLAUBEN, puis leurs successeurs, les CHOISEUL-MEUSE, établirent et maintinrent au Climont des censiers suisses, de religion réformée ou anabaptiste.

Ces fermiers et leurs  descendants formèrent une communauté originale qui se maintiendra sur les lieux bien au-delà de la période révolutionnaire et qui ne disparaîtra qu'au début du XXème siècle.

Mais qu'étaient au juste ces anabaptistes ? Pour quelles raisons quittèrent-ils la Suisse et acceptèrent-ils l'installation loin de toute civilisation ? Qu'est-ce qui faisait leur singularité ? Quelles étaient leurs ressources, leurs façons de vivre ? Pourquoi n'habitèrent-ils plus là-haut ? Autant de questions auxquelles nous tenterons de répondre dans le présent travail.

1- LES ANABAPTISTES-MENNONITES

Leur dénomination:
Avec le luthérianisme et le calvinisme, le mouvement anabaptiste est une des nombreuses branches de la Réforme, née vers 1525 en Suisse. Les tenants, appelés communément " anabaptistes " prirent par la suite le nom de " Mennonites " en souvenir d'un chrétien hollandais, Menno SIMON (1496-1561), propagateur de cette doctrine pacifiste aux Pays-Bas et en Allemagne, pour se distinguer des anabaptistes violents qui fomentèrent les troubles de Munster en 1534.

Leurs convictions:
Qu'est-ce qui distingue les Mennonites des autres protestants ? Tout d'abord et c'est ce qui leur a valu cette dénomination, péjorative à leurs yeux, c'est le  fait de ne procéder au baptême qu'à l'âge de raison, c'est-à-dire entre 13 et 16 ans environ. Ils refusent toute hiérarchie ecclésiastique : leurs communautés ou " assemblées " sont présidées par un " Ancien " élu par ses coreligionnaires hommes et femmes. Fidèles à l'Ecriture, ils se soumettent à une attitude de modestie envers le " monde " qui se traduit entre autres par le refus de prêter serment en justice (" tu ne jureras point ") et de porter les armes (donc d'effectuer un quelconque service militaire.)

Leur originalité:
Quelques-unes de leurs coutumes ont toujours  frappé ceux qui les approchaient. C'est ainsi que leurs vêtements ne comportaient pas de boutons mais des agrafes en laiton, dans un souci de refus des modes passagères. Presque tous les hommes étaient barbus et les femmes cachaient leurs cheveux longs sous un bonnet. Ils n'avaient ni église ni chapelle, mais se réunissaient dans la ferme de l'un d'entre eux. Le culte avait lieu en langue allemande, ou plus exactement en patois bernois mitigé d'alsacien.

Ce comportement subira peu de modifications au cours des siècles. En  1850 encore, dans un rapport au Ministre des Cultes, le Préfet du Bas-Rhin qu'on ne saurait suspecter de bienveillance particulière, les présente de la manière suivante : " (ils) conservent dans leur attitude extérieure, dans leur costume, dans l'ensemble de leur physionomie, un air étrange et puritain, qui empêche de les confondre avec  le reste de la population. Un anabaptiste est aussi facile à reconnaître qu'un israélite ; il porte toujours une longue barbe, une chapeau dont la forme ressemble à celle adoptée récemment par les communistes (sic), son habit, d'une coupe raide et bizarre, est agrafé, ses souliers sans boucles sont larges et lourds. Les femmes et les filles de la secte sont toujours vêtues de noir, d'une décence irréprochable et coiffées  d'un bonnet disgracieux qui ne laisse aucune place à la coquetterie. C'est une race saine et pure, ses traits respirent le calme, ils semblent tous appartenir à une seule et même famille. "

Leur histoire:
Pour comprendre les raisons de l'établissement des Mennonites au Climont et ses environs, il est nécessaire de rappeler les principaux faits de leur histoire mouvementée.

L'idéal de paix et de travail brièvement résumé dans les lignes précédentes leur procure ennuis et contraintes de toutes sortes.

Chassés de Suisse dès le XVIème siècle et jusque vers le milieu du XVIIème par l'intolérance religieuse des autorités helvétiques, les anabaptistes s'installèrent tout d'abord en Moyenne Alsace, surtout à Sainte-Marie-aux-Mines. En effet les seigneurs de Ribeaupierre les accueillirent favorablement, surtout après la Guerre de Trente Ans qui avait cruellement dépeuplé la région. Ils y devinrent tisserands, meuniers et surtout cultivateurs - éleveurs, leur spécialité.

Mais les succès agricoles et leur refus de participer aux milices armées attirèrent sur eux l'attention et la jalousie. Des personnes influentes exigèrent leur départ auprès de Louis XIV. En 1712, le roi décide l'expulsion du royaume de tous les anabaptistes, malgré l'avis défavorable de son représentant en Alsace, l'Intendant de la HOUSSAYE.

Pour les Mennonites, il fallait reprendre la route. Quittant le Val de Lièpvre où ils étaient les plus nombreux, ils s'enfoncèrent plus avant  dans les régions montagneuses et isolées pour se faire oublier. C'est ainsi que plusieurs familles s'arrêtèrent au Climont et aux alentours.

2 - LE CLIMONT SE PEUPLE  D'"HERETIQUES "

L'installation des anabaptistes avait le double avantage de convenir à la fois au seigneur propriétaire du Val de Villé et aux nouveaux occupants des lieux.

Les ZURLAUBEN et leurs successeurs souhaitaient des locataires de fermes qui soient étrangers au Val, d'une  bonne qualification professionnelle et exacts dans le paiement du loyer. Les anabaptistes réunissaient tous ces exigences.

Venus de Suisse ou du comté de Ribeaupierre, ils étaient germanophones et " protestants ", isolés au milieu d'une  population francophone et catholique. Exploitant des propriétés de grandeur moyenne mais dont les 5 ou 6 hectares étaient sans commune mesure avec les parcelles minuscules des environs, ils étaient l'objet d'une curiosité parfois malveillante de la part des autres sujets du Val. Ce triple antagonisme, linguistique, religieux et professionnel, était une garantie pour le seigneur contre  une certaine  connivence qui aurait ouvert la porte à tous les excès forestiers.
Les anabaptistes jouissaient d'une réputation élogieuse quant'à leurs connaissances agricoles. Obligés de réussir professionnellement ou d'abandonner leur foi pour fondre dans la masse anonyme, ils furent sans conteste les "  artisans de progrès agricole rhénan ". On leur doit entre autres des innovations dans la pratique systématique du défrichement Et de l'union de la culture et de l'élevage, l'amendement des prairies par la fumure naturelle et l'irrigation, la sélection du bétail, la médecine vétérinaire par les plantes ; de plus, ils excellaient dans l'art de fabriquer le fromage et ..." l'eau de vie "...!

Dans  sa lettre de  1650 déjà citée, le Préfet du Bas-Rhin, reprenant des observations anciennes écrit :
" Tous  les fonctionnaires sont d'accord à louer leurs qualités d'agriculteurs, d'éleveurs de bétail, qualités qui les font rechercher comme fermiers par les grands  propriétaires, (leur émigration en Amérique) fera un tort immense à l'agriculture, ils sont passionnés pour la vie en plein champ, dans les montagnes, au coeur des forêts. "

Toute aussi  élogieuse était leur réputation morale. Ecoutons encore le Préfet citer en exemple "  leur conduite irréprochable, leur probité ". Il vante en ces termes leur solidarité : "  Un trait caractéristique, c'est leur répugnance à entrer dans l'armée, du moment qu'un jeune anabaptiste tombe au sort, toute la confrérie se cotise pour fournir un remplaçant leur vie régulière est tout au devoir de chaque jour. Un anabaptiste mêlé aux affaires correctionnelles ou criminelles serait, je crois, un fait sans exemple, leur exactitude à payer le fermage est proverbiale ".

En 1780 déjà, LANBREY, subdélégué à Sélestat, dans un rapport sur les "  familles anabaptistes établies dans le baillage du Comté de Villé " faisait les observations suivantes à leur sujet :
Le baillage du Comté de Villé est situé dans les Vosges, ces montagnes sont garnies de censes qui appartiennent à la seigneurie, à des propriétaires privilégiés et à des particuliers ; ce sont les anabaptistes qui cultivent la plupart de ces censes ; il ne m'a jamais  été porté de plainte contre eux depuis 26 ans que j'exerce ce baillage ; Ils vivent sans luxe sobrement, aiment la paix et la tranquillité, sont très laborieux, charitables entre eux, et on ne peut leur reprocher que les erreurs de leur secte ) laquelle ils sont entièrement  zélés et attachés".

Savoir-faire, tranquillité, probité sont donc les qualités essentielles qui ont amené les seigneurs du Val de Villé à confier l'exploitation de leurs censes du Climont à des mennonites de préférence à d'autres fermiers.

De leur côté, les nouveaux occupants trouvèrent des avantages substantiels dans leur nouvelle petite patrie.

Le premier élément non-négligeable de satisfaction pour des " suspects " désireux de vivre leur foi sans témoins et surtout sans ennuis est l'isolement des fermes, perdues dans les forêts du ban d'Urbeis.

Second avantage : l'exonération des impôts les plus lourds. En effet, les biens de la noblesse échappant à la taxation, le subdélégué de Sélestat donne les précisions suivantes:
" (les anabaptistes) de la seigneurie ne sont assujettis à aucune charge publique et ne payent les impositions qu'à raison des biens particuliers qu'ils louent joignants à leurs censes."

Les fermes du Climont étaient d'ailleurs les seules et rares " fissures " par lesquelles, à l'occasion d'un bail de location, des étrangers arrivaient à s'introduire dans la région. Ce mode particulier d'implantation leur offrait une autre chance, dans cette vallée montagneuse de petites propriétés et d'exploitations minuscules, les anabaptistes purent disposer d'un terrain suffisamment vaste pour donner libre cours à leurs compétence professionnelle.

Enfin, comme ils n'étaient que 'tolérés' juridiquement et n'avaient pas d'existence légale, ils ne pouvaient être propriétaires de bien immobiliers, maisons, champs, pâturages etc ..., du  moins avant  1789, ils furent donc obligés de réinvestir  les bénéfices qu'ils tiraient de l'élevage ou des surplus agricoles dans l'achat de nouvelles têtes de bétail, elles-mêmes productrices de ressources nouvelles.

Loin de constituer un handicap, ce fait leur permit de connaître une situation matérielle qui, pour ne pas compter parmi les plus brillantes de la région, était tout de même d'une relative décence.

3 - LES FAMILLES MENNONITES DU BAN D'URBEIS

A la faveur de toutes ces considérations, voilà donc plusieurs fermes du Climont et des environs, dont Schnarupt, occupées par les familles anabaptistes.

Trois documents nous permettent de mieux les connaître.

Le premier est l'ensemble des trois registres de mariages, baptêmes et décès  de la paroisse catholique d'Urbeis, couvrant les années 1750 à 1793.

Le second est une enquête du 12 juillet 1780 effectuée  à la demande de l'intendant d'Alsace par le subdélégué de Sélestat.

Les tables décennales de l'Etat-Civil pour la période 1793-1862 constituent le dernier document utilisé.

Enfin, nous avons également pu retrouver la trace de familles mennonites dans les minutes du notariat de Villé où nous avons procédé à des sondages.

Le Vicaire GALLETO, dépendant de la cure de Villé, tint les registres paroissiaux d'Urbeis à partir du 1er juillet 1760, en précisant l'appartenance religieuse des intéressés dès qu'ils n'étaient pas catholiques, c'est ainsi que nous avons relevé les mariages anabaptistes suivants :               
1763 : Christian MULLER et Marie ADAM
1764 : Jacob SCHLAPPY et Elisabeth
1764 :  Jean HOMMEL et Jean WINCKLER
1764 :  Jean GROPFF et Christiane SCHLAPPY
1767 : Uldaric SCHLAPPY et Marie ADAM, veuve
1776 : Jean REBBER et Barbara BACHMANN
1781 : Jean BACHMANN et Anna SCHLAPACH(Marie Rebber)
1782 : Christian REBBER et Barbara SCH(L)APACH
1786 : Joseph BACHMANN et Anna SCHLAPPACH
1788 : Jean SCHLAPPACH et Anne BACHMANN
1789 : Christian E(I)MANN et Marie BACHMANN
Les naissances sont légèrement moins nombreuses mais il semble qu'elles ne furent pas toutes enregistrées:
1761: Marie ANSEMBERGER      1778: Marianne BACHMANN   
1779: Joseph BACHMANN          1784: André BACHMANN         
1786: Marie-Barbe BACHMANN  1788: Joseph BACHMANN
1789: Anna BACHMANN            1789: Jean BACHMANN

Le registre des décès fait apparaître grosso-modo les mêmes patronymes.
1765: Elisabeth HODLER    1765: Jean WÄLLY    1766: Elisabeth SCHLAPPY    1766: Marie SCHLAPPY 
1766: Joseph SCHLAPPY  1766: Catherine REBBER  1766: Christian MULLER  1767: Jacob, anabaptiste      1768: Jean HOMMEL      1768: Enfant HOLDER    1769: Ulrich SCHLAPPY    1770: David SCHLAPPY
1770: Elisabeth GEBB (GERBER)        1771: Joseph BACHMANN        1775: Jacob BACHMANN 
1776: Joseph BACHMANN  1776: Jean BACHMANN  1779: Joseph BACHMANN  1780: enfant BACHMANN  1781: Anna KUNTZ      1782: Catherine SCHER      1787: Jean BACHMANN      1789: Anna SCHLAPPACH

Nous avons pu relever d'autres patronymes parmi les témoins ou parents cites à l'occasion de ces événements familiaux. Ce sont :
STEINER (anabaptiste de Lorraine), SPRING, ADLER, RIESER, Von Der WALD, FRITZ et GERICH.

A la lecture de ces listes, il semble établi que les seules familles installées durablement au Climont et à Schnarupt pendant la seconde moitié du XVIIIème siècle furent les SCHLAPACH, ( ou SCHLAPPY), les BACHMANN et les RÄBER ( ou REBB, REBBER), les autres n'y ayant résidé que d'une manière plus ou moins temporaire.

Modèle du genre, l'enquête de 1780 est bien plus précise quant à elle et livre de nombreux renseignements intéressants. Qu'on en juge :
" Etat des familles anabaptistes établies dans le baillage du Comté de Villé "

1er père de famille : Chrétien REBER - 50  ans - né dans la seigneurie de Villé, demeure dans une cense appartenant aux seigneurs de ce comté sur la montagne dite le Climont, il est marié depuis 32 ans et a  10  enfants, sa femme s'appelle Anne ADAM, et ses enfants :
1) Anne, mariée à Michel SCHIBACH demeurant à Sainte-Croix-en-Lorraine.
2) Chrétien, marié à Saussure, Principauté de Salm, n'a point d'enfant.
3) Joseph, marié à Saussure a un enfant.
4) Jean, marié et demeurant dans une cense située au Ban de Ste-Croix a  trois enfants.
5) Elisabeth, mariée à Valentin DOLTER et demeurant avec son mari le dit Chrétien REBER, a trois enfants
6) Barbe, 20  ans, fille
7) Marie,  19 ans, fille               
8) Catherine, 17 ans, fille
9) Jacques, 15ans, garçon
10) Pierre, 8 ans, garçon

Ces cinq derniers enfants demeurant chez leur père, le-dit Chrétien REBER ne contriue à aucune charge publique.

2ème père de famille : Etienne WILL, né au Climont, 42 ans, demeure dans un moulin situé au Ban de Bruche…Sa femme, 39 ans, s'appelle Christine NEUHAUSSER, il n'a point d'enfant.

3ème père de famille : ......

4ème père de famille : Jean SCHLABACH, né au Scharû ( Schnarupt), ban d'Urbeis, 50 ans, demeure dans une cense au-dessus de Lalaye canton dit Schinté, il a loué cette cense du nommé Ulric EIMAN, anabaptiste demeurant dans le ban de Lubine en Lorraine, et demeurant cy devant dans une cense du Ban de Colroy la Roche canton dit Labolé ; il y est marié depuis 21 ans avec Elisabeth VORMWALD âgée de 48 ans et a 4 enfants.

5ème  père de famille : Jean BACHMANN, 59 ans, né dans le Palatinat d'où il est venu en bas âge avec ses père et mère qui  ont demeuré dans une cense du Ban d'Urbeis qu'il tient à titre de bail de M. de TRUCHESSE de Ribeauvillé ; il est marié depuis 32 ans, sa femme âgée de  51 ans s'appelle Anne Marie RISER, il a 8  enfants :
1) Jacques, 29 ans, marié à Barbe GERBER, 30 ans, il demeure avec sa femme chez son père.
2) Barbe, 24ans, mariée de Jean REBER, de Ste Croix en Lorraine.
3) Jean,  20 ans
4) Joseph, 18 ans
5) Marie, 15 ans
6) David, 12 ans
7) Henry, 10 ans
8) Moïse, 8ans

Tous ces enfants demeurent chez le dit BACHMANN, leur père, qui par arrangement fait avec  le communauté d'Ubeis, paye annuellement la somme de 96 livres pour les impositions et le vingtième de sa cense ; il paye en outre les deniers seigneuriaux.

7er père de famille : ......

.........

14ème père de famille : Ulrich SCHLABACH, âgé de 36 ans, né au Climont, demeure au lieu-dit le Hang, où il a loué un  logement et y exerce la profession de tisserand ; sa femme appelée Marie ADAM est âgée de 37 ans, il en a 2 enfants qui demeurent chez lui....
..........

Récapitulation des anabaptistes qui demeurent dans le baillage du Comté de Villé 'à savoir',  17 hommes mariés, 1 veuf, 17 femmes mariées, 29 garçons, 26 filles ; total 90.

En ce qui concerne la première moitié du XIXème siècle, les tables décennales de l'Etat-Civil d'Urbeis font apparaître, à côté des patronymes déjà vus, les noms des nouveaux fermiers, il s'agit de :

DELLENBACH (DELIMBACH), BACHER, (BAECHER, BECHER, PACHER PECHEUR), GERBER (GARBER),LAUBER, NEUHAUSER, SUMMER (SOMMER), GOLDSCHMIDT, BELLER, HUNG (HONGUE).

Si l'on en juge  d'après la fréquence de l'apparition de leur nom sur les listes, ce sont les familles BACHER, BELLER et DELLENBACH qui ont assuré la relève anabaptiste du Climont.


<b>Le cimetière Privé du Climont</b>
Partie d'entrée du petit cimetière privé du Climont, orné du coeur symbolique.
Les trois pierres tombales anabaptistes que l'on y voit encore sont totalement à l'abandon.


Dans le chiffre de 90 anabaptistes auquel était arrivé le subdélégué en 1780, était compris, en plus de la petite communauté d'Urbeis, celle plus importante du Hang, clairière défrichée, ancienne verrerie et haut-lieu anabaptiste situé entre le ban de Saales et la montagne 'Winterberg' qui comptait 70 personnes environ.

Un siècle plus tard, en 1889 plus exactement, le Climont abritait 53 mennonites et réformés.

En 1901, l'on dénombrait 68 habitants - une vingtaine de catholiques compris - répartis en  14  fermes ou maisons.

De nos jours, il n'y a plus aucun mennonite sur les lieux. La dernière trace matérielle de leur présence - encore visible de nos jours - est un petit cimetière privé comportant trois pierres tombales et à l'abandon total au milieu des près, y sont ensevelis trois BACHER, dont le dernier mourut en 1930. Leurs successeurs dans la ferme de  1748 qu'ils occupaient furent les BELLER qui abandonnèrent à leur tour le Climont et l'anabaptisme en 1955.

Une page d'histoire religieuse et sociologique était tournée.

4 -  VIE RELIGIEUSE ET RAPPORTS AVEC LES AUTRES.

Isolés géographiquement, les anabaptistes du Climont se retrouvaient les dimanches entre 'frères' de toute la région dans l'une ou l'autre des fermes pour y célébrer un culte fort long et fort ennuyeux à ce qu'il parait.

Une plainte non datée - mais qui doit remonter aux alentours de  1780 - nous cite ces  lieux de réunion d'une façon précise.

" Ces sectaires voisins de la Lorraine s'asssemblent fréquemment tantôt sur la paroisse de Saales au lieu nommé lehang - Le Hang -, tantôt  à une cense nommée la Blanche Maison paroisse d'Orbeis baillage de Villé, tantôt enfin à la cense dite 'Près du Chêne' paroisse de Colroy-la-Grande, juridiction de Nancy ..."

Aucun de nos 'Climontais' n'a  pu se distinguer particulièrement en point de vue de la pratique religieuse puisqu' aucun d'entre eux n'a connu l'honneur d'être " Ancien " de l'assemblée du Hang dont ils faisaient partie. En effet, ce furent Conrad GOLDSCHMIDT, Jacob BACHER, Michel MOIMANN du Hang, Jean BELLER, Jean BACHER de l'Evreuil, Joseph  BELLER, Pierre GINGRICH de Schnarupt, Christ BACHER  de la Schlague, Christ DELLENBACH du Hang, Joseph BACHER de l'Evreuil et André LAUBER de Colroy-La-Roche qui ont tour à tour présidé aux destinées de la communauté jusqu'au début du XXème  siècle.

Le fait que nos mennonites n'étaient pas les seuls habitants du Climont - contrairement à ceux du Hang, de Salm, des Quelles ou d'autres lieux retirés - semble avoir contribué à un affaiblissement de leur pitié et de la stricte observance de leur doctrine.

En effet, selon leur croyance, les mariages n'étaient tolérés qu'entre coreligionnaires, or il semble bien que de bonne heure il y a eu au Climont des mariages mixtes.

C'est ainsi que le curé d'Urbeis, dans ses registres, fait suivre le nom de DELLENBACH, par exemple, tantôt de l'adjectif 'réformé', tantôt de l'adjetif 'anabaptiste'

Nous ne pensons pas qu'il s'agisse en l'occurrence d'une erreur de sa part, mais plutôt, qu'à la suite de mariages interconfessionnels, il y eut des 'conversions', dans un sens comme dans l'autre d'ailleurs.

Ouvrons une petite parenthèse au sujet des DELLENBACH. De nos jours, il y a également, à côté des branches mennonites et réformées de cette famille, une branche catholique. Un extrait de registre de naissances de Plaine nous explique ce fait :
" L'an 1790, le 25ème jour du mois de mars, Elisabeth DELLENBACH de la paroisse de La Broque est résidante depuis plusieurs mois à la Plaine. Agée de vingt cinq ans, ayant reconnu que hors la vraie Eglise il n'y a point de Salut, de la bonne volonté,et sans aucune contrainte a fait sa profession de foi catholique apostolique et romaine et abjure l'hérésie anabaptiste. "

Son cas n'a pas dû être le seul puisque nous retrouvons d'autres familles partagées entre les trois confessions.

La lettre du Préfet au Ministre des Cultes datée du 9  février 1850 explique très clairement les rapports entre mennonites et réformés.

Autrefois les anabaptistes étaient mal vus de l'église protestante de la Confession d' AUGSBOURG, les pasteurs régulièrement institué et formés par de longues études regardaient d'un oeil peu charitable ces sectaires, qui interprétaient eux-mêmes la Bible, et qui prônaient la parole de chacun à son tour, sous l'inspiration de l'Esprit Saint, pour édifier leur petite communauté ; ils blâmaient sévèrement la coutume, adoptée par la secte, d'administrer le baptême aux adultes seulement ; et de même que l'autorité séculière, ils affectaient peut-être d'attribuer aux mennonites une parenté directe avec les anabaptistes qui avaient failli compromettre par leurs sanglants écarts  la cause de la Réforme.

Il n'en est plus tout à fait de même aujourd'hui. Les aspérités de la secte tendent à s'effacer ; dans plusieurs circonstances les anabaptistes du Bas-Rhin se sont rapprochés de l'Eglise protestant nationale ; aussi les mariages mixtes commencent à être admis par eux, des filles anabaptistes ont épousé des fils d'agriculteurs protestants, ou bien des fermiers de la secte ont introduit dans leur famille de jeunes épouses appartenant à la Confession d'AUGSBOURG.

Les enfants issus de ces unions ont été baptisés et instruits par des pasteurs protestants. C'est le premier pas vers la fusion, qui  sera plus facile et peut-être inévitable, à mesure que les rangs de cette secte longtemps persécutée s'éclaiciront encore par les décès ou leur émigration, et que les derniers survivants isolés ou clairsemés au milieu d'une population catholique, éprouveront le besoin de se rattacher à un centre commun, pour y trouver de l'appui et une instruction religieuse ou intellectuelle moins monotone que celle des conventicules.

Les relations avec les catholiques étaient moins fréquentes et varièrent selon l'époque et les personnes en cause. D'abord franchement mauvaises, avec les autorités ecclésiastiques du moins, elles se modifièrent avec les idées nouvelles après la Révolution. En 1780, le curé de Saales se plaint  de la sorte au Cardinal de Rohan :
" Je ne peux venir à  bout de ceux de cette secte qui non seulement refusent de dépendre en rien du curé (!), mais qui persécutent les catholiques et les calvinistes de ce canton ; ils cherchent à faire des prosélistes (sic) et ils y réussissent quelquefois, on site des exemples récents (sic). A mesure que les anabaptistes se multiplient, ils deviennent persécuteurs ; Le Hang est un petit hameau qu'ils ont trouvé le moyen d'habiter seuls en maltraitant les catholiques pauvres qui s'y trouvaient et qui alors ont été forcés ou de s'éloigner ou d'essuyer journellement des avanies "

Il va sans dire que le pacifisme  unanimement reconnu et la volonté des mennonites de passer inaperçus démentent les termes de cette  lettre aisément explicable. Pour la contrebalancer, les hasards de la recherche ont voulu que nous retrouvions un acte notarié de  1845  par lequel Nicolas HUMPLER, curé de Bassemberg et de Lalaye prête 500 francs aux époux DRUA dont le mari est réformé et l'épouse fille de mennonites. Les ponts n'ont donc jamais été coupés entre les trois confessions.

Plus fort que le lien de la même religion semble avoir été - dans le cas précis du Climont - le lien sociologique qui unissait tous les fermiers de censes à l'écart des  lieux habités. Le dépouillement des différents actes de mariages, ventes, locations etc... fait ressortir l'union presque exclusive qui existaient entre les exploitants de fermes isolées, qu'elles soient proches  comme celle des " Près du Chêne " ou plus éloignées comme l'Altmelkerey du Hohwald, la Crache près du Donon, Schnellenbûhl entre Sélestat et Heidolsheim ou le Neuweyerhof près d'Altwiller.

Peut-être, en plus de sentiment de faire partie d'un monde professionnel en marge et connaissant les mêmes problèmes, sont-ce, dans bien des cas, la même et lointaine origine suisse et la langue commune, un dialecte germanique, qui expliquent cette solidarité exemplaire.

En ce qui concerne les habitudes linguistiques, il est tout de même remarquable qu'elles aient traversé sans encombre les vicissitudes politiques, historiques, économiques et que de nous jours encore, l'alsacien est couramment parlé dans les fermes en question.

En  1886 déjà, un journaliste, Alfred MICHELS, avait été sensible à ce fait et mentionnait le Hang et le Climont en parlant des instituteurs nomades qui enseignaient l'allemand dans ces régions montagneuses ou le français est la langue courante. Le plus connu de ces maîtres était Philippe JAHN dit 'Sechsfinger ", en raison des doigts supplémentaires qui ornaient ses mains et son pied gauche.

A une époque où l'école n'était ni gratuite ni obligatoire, on peut en tous cas noter le souci de tous ces fermiers de faire donner à leurs enfants une instruction élémentaire.

5 -  RESSOURCES ET VIE PROFESSIONNELLE

Les documents concernant les moyens d'existence des agriculteurs du Climont n'abondent pas, c'est  le moins qu'on en puisse dire. Toutefois, des cartes d'époque différentes, un ancien plan cadastral, des actes de vente divers ainsi qu'une étude  d'agronomie du début de ce siècle nous permettent d'avancer des hypothèses plus que plausibles concernant la vie agricole sur ces hauteurs.

Contrairement à la situation actuelle, où ce sont les alentours de la petite église qui sont les plus peuplés, c'est le vallon séparant les sommets du 'Weinberg' et du 'Mont' qui vit - mise à part la " Maison Blanche " - la construction des premières censes et de leurs annexes.

Sur le plan de Christian datant de  176 figurent 5 bâtiments.

En  1796, ces fermes sont vendues comme 'bien national' appartenant au ci-devant émigré CHOISEL-MEUSE. Elles étaient au nombre de six, sans tenir compte de la " Maison Blanche " qui n'était pas mise en adjudication, son propriétaire, François Joseph CHOISEUL, ayant eu la sage précaution de rester en France.                               

Sur le cadastre communal d'Urbeis du milieu du XIXème siècle, on distingue une douzaine d'habitations dont une maison forestière.

Vers 1900 enfin, le Climont comptait 14 maisons.               

Pendant près de deux siècles, le mode de vie des exploitants du lieu ne changea guère. Ils alliaient les revenus de la culture et ceux de l'élevage. D'ailleurs la composition même des différentes maisons nous le confirme :
" (La cense) bâtie en maçonnerie et couverte de bardeaux comprend : une cuisine, deux chambres, un cellier, une remise, une hangar et à l'étage deux pièces et deux chambres. Trois bâtiments annexes abritent des écuries, un grenier à foin, une étable à porcs, un four,  un logement d'ouvrier, une étable, une fontaine ".                                               
Ce même acte, date de  1796, nous précise que 'le corps de biens connu sous le nom de ferme du Climont' consiste en ' six habitations et Terres labourables, près, jardins, vergers, dont le surface forme un total de 105 arpents, 95 perches et  316 pieds.

Un autre document d'archives nous confirme que les exploitants du lieu étaient à la fois laboureurs et éleveurs, et qu'ils récoltaient en même temps des céréales et du foin pour leurs bêtes.

Il s'agit d'une décision des administrateurs du directoire du district de Sélestat autorisant  un censier du Climont à payer son loyer en assignats au lieu de bien en nature. Elle stipule :
" Joseph DEPPE est hors d'état de livrer les magasins de la République en grains, le sol de la dite cense est ingrat, ne produisant que très peu de grains, à peine suffisant pour leur entretien (sic)... Il a livré sur différentes réquisitions les foins qu'il pouvait avoir de trop ainsi que l'avoine qui ne lui était pas absolument nécessaire. Il est  arrêté que ledit Joseph DEPPE sera autorisé de payer le canon (fermage) de la dite cense en assignats ".
Fait le  24 brumaire l'an 3ème  ( 14 novembre 1794).

Un siècle plus tard, un professeur de l'Ecole d'Agriculture de Rouffach publie une étude sur les différents systèmes de culture pratiqués en Alsace. C'est ainsi qu'il note page 168 de son traité :
" Excepté Fréconrupt, les autres villages d'altitude, par exemple Natzwiller (550m), Plaine (470m), Bourg-Bruche (500m), Belle-Fosse (650m) pratiquent la culture permanente des champs, sans temps de repos. Et ceci n'est pas seulement valable pour les villages groupés, mais également pour certaines fermes dispersées, comme le Hang près de Saales (550m) et les fermes du Climont (650m).

On pourrait ainsi grandement se tromper si l'on croyait que les exploitations d'altitude, qui connaissaient une pluviosité accrue, étaient toutes des adeptes de l'alternance champs - prairies.

Page 361, on lit encore ceci :
"Les fermes du Climont pratiquent un système agricole dont le schéma est le suivant ; 1ère année : seigle. 2ème année : pommes de terre. 3ème année : seigle. 4ème année : pommes de terre etc... "

Ce n'est que d'une époque relativement récente que date l'unique vocation  herbagère du Climont, avec cependant une note particulière à laquelle a été sensible un journaliste des Dernières Nouvelles d'Alsace. Dans son reportage paru le 12  juillet 1972 dans l'édition du Haut-Rhin, il écrit :
"Les engrais chimiques sont peu utilisés par les descendants des mennonites qui s'adonnent presque exclusivement à l'élevage. De nos jours, ce sont les pâturages engraissés au fumier naturel et leurs bovins qui forment  l'essentiel des revenus des émigrés venus autrefois du canton de Berne. Sur les biens de la ferme BACHER, les 15 hectares de prés et pâturages permettent l'élevage de  18 à 20 bêtes. Mais à côté d'eux, combien d'exploitations abandonnées ! La forêt grignote les prairies ".

A côté de la culture et de l'élevage, les 'Climontais' - qu'ils soient mennonites ou réformés d'ailleurs - pratiquaient d'autres activités annexes, du moins jusque vers 1850, comme le tissage, la distillation, la confection d'habits ou la taille de la pierre. Tous essayaient de subvenir au maximum de leurs besoins par leurs propres moyens. Mais contrairement à ce que nous avons pu constater ailleurs, les gens du Climont vivaient assez pauvrement dans l'ensemble et nous n'avons pas retrouvé la trace de réussites professionnelles particulières comme fut le cas pour Salm par exemple.

C'est  ainsi qu'un acte de vente daté du 16 février 1848 passé par devant le notaire de Boerch, fait l'inventaire des biens de Jean DELLENBACH, laboureur du Climont, en indiquant leur valeur :

  • deux bois de lit en sapin 6 frs
  • un lit + une paillasse + un traversin + un dessous de  plumes 18 frs
  • deux draps en chanvre + deux taies 10 frs
  • une table en cerisier                8 frs
  • un coffre en sapin fermant à clé 2 frs
  • 750 kg de foin 52 frs50
  • 20 bottes de paille 4 frs
  • 30 double - décalitres de pommes de terre  45 frs
  • une houe, une pioche, une pelle, un pot en fer, un poêlon, une hachette, un couperet, un couteau  7 frs50
  • une vache 70 frs

Rien d'étonnant que dans ces conditions les anabaptistes qui avaient la possibilité aient été tentés par le mirage de l'émigration vers le Nouveau  Monde via New-York ou la Nouvelle Orléans. Cet exode toucha toutes les communautés vosgiennes, et celle qui nous intéresse n'y échappa pas. Nous avons pu en retrouver une preuve mais il doit certainement en exister bien d'autres. Ainsi, lorsqu'en 1857 Joseph ELIAS, commerçant Juif de Scherwiller revend 11 ares de terre sises au Climont à Adam BRUA, tisserand, il est précisé dans l'acte notarié que la parcelle en question est située à coté de celle de Jacques SCHLABACH, parti en Amérique.

Cet acte, de même que la vingtaine d'autres que nous avons eu la chance de relire, nous donne également  de précieux renseignements sur la dénomination de divers lieux-dits du Climont. Nous avons pu relever entre autres les appellations suivantes : Schattsitt, Schregsmatt, Bientziberg, in den Mûhren, Sebastianmatten, beim Schürrel, Ober-Mittel et Untenweid, in Brechloch, im Schlag, Hausmatten, Langematten, Kreutzweg, Maettel, Sonnesitt.
               
S'ils ne devaient confirmer qu'une chose, ce serait l'attachement des " Climontais " à leurs dialectes.

6 -  CONCLUSION

Les informations que nous vous avons donné au cours des chapitres précédents rejoignent ceux que nous avions relevés au cours de recherches antérieures sur d'autres communautés vosgiennes.

Voués essentiellement à l'agriculture au sens large du terme, il arrivait à nos anabaptistes, comme nous venons de le voir, d'exercer plusieurs métiers annexes, soir simultanément, soit successivement. Mais il ne semble pas que cet amour de la terre ait eu pour corollaire  l'amour du site où ils étaient nés, où ils avaient grandi, où ils avaient travaillé. Ils se déplaçaient fréquemment, mais c'était presque toujours pour s'installer dans d'autres lieux retirés, fidèles en cela à leur ancienne habitude.

Peu de familles sont restées au Climont pendant plus de deux générations consécutives. Mais cela a suffi pour marquer de leurs empreintes la manière  d'exploiter les ressources naturelles de la  montagne vosgienne, dont ils sont su faire valoir au mieux les possibilités.

Un phénomène cependant, plus particulièrement accusé en ce qui les concerne, fait l'originalité des anabaptistes du Climont : c'est la fréquence des mariages mixtes. Malgré leur désir de s'isoler du pour préserver à la fois la pureté de leur doctrine et leur aspiration à la paix, ils se sont à l'occasion alliés à la  population locale, à condition toutefois qu'elle soit protestante et issue des mêmes  milieux socio - professionnels, pour s'y fondre parfois même complètement.

De nos jours, il n'y a plus de mennonites au Climont proprement dit. L'émigration, le rattachement au protestantisme, la quête d'une existence meilleure sur des terres plus rentables, l'acceptation d'autres activités professionnelles, ont vidé les  lieux de leurs premiers occupants si attachants.

Mais la communauté du Hang tout proche existe toujours. Elle se réunit régulièrement avec les autres mennonites de la région dans une chapelle à Bourg-Bruche  pour constituer une assemblée très vivante.               
                                                                Rosheim, été - hiver 1976-1977

Merci à Jiji de m'avoir fait connaître cette documentation
qui nous permet, en quelques pages, de mieux situer ce monde anabaptiste.

Travailler sur l'anabaptisme.

Extrait de  TRAVAILLER SUR L'ANABAPTISME: PROBLÈMES ET MÉTHODES

Par Françoise NAAS

Depuis le début de mes recherches concernant les assemblées mennonites bruchoises, je me suis trouvée confrontée à un certain nombre de difficultés propres au sujet et au cadre géographique.
Ces difficultés sont apparues petit à petit, tout d'abord dans le cadre de mon mémoire de maîtrise en Etudes Germaniques (1999) sur les anabaptistes de la Principauté de Salm et le rattachement à la France, puis en D.E.A., (Diplôme d'Etudes Approfondies.) lorsque j'ai élargi mon champ d'investigation à toute la vallée de la Bruche sous l'Ancien Régime (2004). Les solutions ébauchées dans ces travaux s'appliquent aujourd'hui à ma thèse de doctorat qui porte sur les mennonites bruchois de 1708 à 1870: la présence anabaptiste dans cette vallée, les lieux d'installation, les rapports avec les populations (autochtones, immigrés tyroliens et suisses, catholiques, protestants... ), les activités exercées, les familles, les liens entre elles et avec les autres assemblées, la vie cultuelle et sociale, notamment à travers un travail prosopographique, terme sur lequel nous reviendrons.
Une fois les problèmes définis, j'ai élaboré des stratégies qui pourront, je le souhaite, faciliter le travail d'autres chercheurs, ou du moins, contribuer à la réflexion sur ces difficultés.


1. Une difficulté propre à l'espace géographique : les répercussions de l'évolution des limites territoriales de la vallée
Le premier écueil que j'ai rencontré dans le cadre de mes recherches est lié à l'espace géographique, en raison des découpages administratifs et politiques successifs.
En effet, la vallée de la Bruche, aujourd'hui apparemment uniforme, a été une mosaïque de seigneuries avant la Révolution. Schirmeck était un bailliage épiscopal, le Ban de la Roche a appartenu à divers propriétaires successifs dont le Baron de Dietrich qui l'acquit en 1770, une grande partie de cette Haute Vallée constituait une principauté, la Principauté autonome de Salm, rattachée au département des Vosges en 1793, jusqu'en 1870.
Ce morcellement politique n'est pas sans conséquence pour le chercheur aujourd'hui, car il implique aussi un morcellement des fonds d'archives.
Prenons l'exemple de Schirmeck et de son voisin La Broque. Pour l'Ancien Régime et la période moderne, les archives concernant le bailliage épiscopal de Schirmeck se trouvent à Strasbourg, mais celles concernant La Broque se trouvent à Epinal pour la période moderne et à Strasbourg pour les documents postérieurs à 1870. D'autre part, certains documents isolés sont conservés à Saint-Dié, à Nancy, voire aux Archives Nationales.
Ainsi, bien que la vallée de la Bruche se situe aujourd'hui dans le département du Bas-Rhin, les archives concernant son étendue actuelle se trouvent dans les fonds d'archives des différentes entités politiques dont elle a fait partie. Il est donc important de considérer le territoire étudié non pas tel qu'il est aujourd'hui, mais il faut tenir compte de son évolution dans l'Histoire, pour pouvoir localiser les documents potentiellement exploitables.


2. Les difficultés propres au mouvement anabaptiste-mennonite
Pour étudier une minorité, telle que la population mennonite bruchoise, un repérage clair des sujets de l'étude est nécessaire. Or, il est difficile de localiser les mennonites. De quels indices le chercheur peut-il alors disposer ?

Repérage par la religion
Il arrive que le rédacteur du document précise la religion des individus. Mais cette précision n'est -hélas-, pas toujours fiable. En effet, la population bruchoise est catholique, sinon hrthérienne, notamment dans le Ban de la Roche. Aussi n'est-il pas rare de constater une confusion auprès des autochtones entre " calviniste " et " anabaptiste ", ces termes permettant de classer autrui dans une catégorie négative : le calviniste ou l'anabaptiste est celui qui n'est pas de la même religion que la majorité de la population.
Citons le premier locataire de la métairie de Salm, Benedict Schlaster. Longtemps, il a été considéré comme mennonite. Or, il n'est nullement fait mention de Schlaster mennonites dans les documents qu'il m'a été donné de consulter. De plus, lorsque la religion est précisée, cette famille apparaît comme étant calviniste, et ce à de nombreuses reprises. Le curé de Schirmeck Joseph Bouillon inscrit dans son registre de baptême à la date du 8 novembre 1706, le baptême de Barbara, fille de Benedict Schlacter et de Barbara Brae, calvinistes habitant à Salm. De même, en 1722 naît Christian, "fils légitime de Christian Schlasier de la religion calvine et d'Elizabeth Rothe de la mesme religion ". Il est baptisé " sur les promesses que le père a fait quêtant en âge il le ferait élever, instruire et continuer dans la Religion Catholique, Apostolique et Romaine".
Plusieurs actes mentionnent les Schlaster comme calvinistes, mais pour d'autres familles, le doute s'installe. Ainsi, le 7 juillet 1716, un certain Fridericus frlius Christiani Rupp est baptisé à Schirmeck. La famille habite Natzwiller et le parrain est Fridericus Peller (ou Beller). Le curé de La Broque les considère comme calvinistes, mais aucun autre acte ne vient confirmer cette affirmation.

Repérage par le nom
Une autre solution pour le repérage est de se fier au nom. Il s'agit de patronymes à consonance germanique qui apparaissent souvent dans les documents (Neuhauser, Sommer, Augsburger, Kupferschmidt, Goldschmidt...). La prudence est cependant de mise.
La vallée de la Bruche est certes à majorité francophone, mais elle est aussi un lieu de passage. De ce fait, on y trouve des noms à consonance germanique sans qu'il s'agisse de mennonites venus des cantons alémaniques. Beaucoup de tyroliens et de Suisses (Kohlfradt, Kreider, Reiter, Fischer, Feldtrauer, Vechscheider, Forbinder, Bretzner...) sont venus travailler dans la vallée, notamment aux forges de Framont et dans ses mines ou encore à la verrerie du Hang. D'autre part, certains patronymes francophones sont des patronymes germanophones francisés. C'est le cas pour les Neuve Maison (Neuhauser), Sombre (Sommer), Fongond (Von Gunden), mais aussi pour des non-mennonites comme les Grisnaux (Greisnauer).
Enfin, se fier aux patronymes pour déterminer la religion de façon certaine, c'est aussi oublier les possibilités de conversions. Par exemple, la plupart des membres de la famille Fongond (Von Gunden) sont mennonites, mais les individus portant ce patronyme et habitant Barembach sont catholiques.


Approcher les individus :
Devant la difficulté du repérage, il a fallu faire des croisements et faire appel à la prosopographie, pour établir des profils et des généalogies.
Il me paraît tout d'abord important de définir le terme de prosopographie. " La prosopographie est une technique d'analyse qui consiste dans la constitution de la biographie collective d'un groupe par l'étude des trajectoires et des coordonnées personnelles des individus qui le composent. (2)
Cette approche me permet ainsi de dresser un portrait des assemblées mennonites bruchoises à travers les données rassemblées sur chaque individu.
Il est en effet difficile de reconstituer des parcours, les mennonites essayant, dans la fuite, de se faire le plus discrets possible par peur des persécutions. Il n'y a pas de registres propres aux assemblées, qui se sont constituées par la venue d'individus -isolés ou en petits groupes- en exil. Seules quelques informations glanées au détour des documents dont ce n'est pas la fonction
première, permettent d'ébaucher des parcours et des portraits.
Prenons par exemple le rapport de l'intendance d'Alsace en 1780 (3) concernant la seigneurie de Villé. Il contient des données qu'il convient de rassembler et d'interpréter.
Rudolph Schlatter âgé de 42 ans, natif de Schwangen, Canton de Berne en Suisse, d'où il est sorti à l'âge de 4 ans avec ses père et mère, qui ont demeuré et sont morts à Mittelweyr prez de Colmar, demeure dans une Barraque au Ban de Saales canton dit Orlucch, qu'il a loué dudit Pierre Riser 3` père de famille cy dessus, il travaille comme journalier quoiqu'il soit Maréchal ferrant de profession et demeuroit cydevant en Lorraine; il est marié depuis 14 ans, sa femme s'appelle Marie Schebach, âgée de 40 ans, et a 4 enfans
1. Jacques agée de 13 ans en service dans la Principauté de Salin ...
Ces deux derniers enfans demeurent chez leur père qui contribue à toutes les charges à l'instar d'un journalier de Saales.
Les informations données ici permettent de localiser le village d'origine de l'individu, de situer le début de son exil, son parcours, de renseigner son profil professionnel, de constater une certaine mobilité et un éparpillement des membres de sa famille. Ce genre de document rend possible une approche généalogique et une étude de la politique matrimoniale dans le groupe.
A partir de ces informations, on peut tenter de dater la venue des mennonites suisses en Alsace et dans la vallée.
(2) La visée prosopugraphique consiste à constituer la biographie collective d'un corps ou d'un groupe de personnes en établissant et en croisant des notices individuelles ". C. Charle, J. Nagle, M. Perrichet, M. Richard, Prosopographie des élites françaises. Guide de recherche, Paris, 1980, CNRS-iHMC, p. 6. Selon E. Anceau, cette approche a(...) tend à cerner l'identité d'une population spécifique au travers des individus qui la composent ". E. Anceau, " Réflexion sur la progopographic en général et sur la ptoeopogtaphie du contemporain en particulien>, in Des Français outre-mer, textes réunis et publiés par Sarah Mohamed-Gaillard a Maria Romo-Navarrete, Paris, 2004, PUPS, pp. 23-37
(3) ADBR C338.

Les données qui m'intéressent sont les indications de venue, de décès, de naissance, de lieu, de professions, de culture, du nombre d'enfants, de morts nés, les indications généalogiques, sociales... Les liens matrimoniaux et la localisation des familles sont aussi des éléments permettant de définir les individus. Il faut cependant être prudent compte tenu des homonymes. Les patronymes sont peu nombreux et les prénoms récurrents, les fils aînés portent souvent le prénom du père. Il s'agit donc de palier le manque d'informations émanant des communautés en elles mêmes pour approcher la réalité mennonite pendant les périodes étudiées.

Documents extérieurs aux Assemblées:
Les sources sont principalement extérieures aux Assemblées mennonites parce que les mennonites ont produit très peu -et de manière confidentielle- de documents sur eux-mêmes, ce qui est regrettable. Elles donnent donc une vision déformée de la vie mennonite, décrite et jugée à l'aune des religions établies, parfois entachée des préjugés de l'époque. Les informations sont livrées à travers un prisme déformant et ces sources sont donc à manier avec prudence. Les récits de voyage en sont l'illustration, surtout ceux se situant à la charnière entre 18ème et 19ème siècle, pétris de rousseauisme et de romantisme. Citons l'exemple de Masson de Pezay qui écrit dans ses Soirées alsaciennes, helvetiennes et francomtoises en 1771 (p.43-44) :
Les fenêtres sont ouvertes, donnent accès à des torrents d'air qui viennent rafraîchir à la fois les poumons de l'enfant qui tète encore, et ceux de l'aïeul qui le regarde avec complaisance.
C'est sous ces toits que le voyageur retrouve les charmes de l'antique hospitalité. On lui offre du lait meilleur parce que les troupeaux sont mieux soignés : ce lait coule dans des vases de terre, mais bien lavés dans de l'eau bien nette. C'est une fille, souvent jolie, toujours propre, qui le présente : elle ne rougit point, parce qu'elle ne soupçonne rien de malhonnête ; mais elle a de belles couleurs, parce qu'elle se porte bien. Elle ne baisse point les yeux, parce qu'elle ne craint rien ; mais elle les fait baisser par le respect que la véritable pudeur imprime.

Ce ne sont pas les seules sources. Les documents administratifs apportent des informations intéressantes et exploitables. Il s'agit :
De procès-verbaux: ils sont de deux types. D'une part, les procès-verbaux de délivrance de bois permettent de localiser des individus à une date précise et de constater les utilisations du bois. D'autre part, les archives gardent encore la trace des procès-verbaux pour infractions (ex : du bétail sur des terres interdites). Ces documents aident à déterminer les liens professionnels entre les familles mennonites ainsi que la taille des troupeaux.
Les pétitions sont aussi riches en informations. Elles témoignent des soucis et des difficultés d'une communauté. Citons les pétitions contre le service militaire armé après la Révolution.
Les actes paroissiaux gardent parfois la trace des mariages et des décès mennonites. Le curé du lieu inscrivait dans les registres les événements qui lui étaient déclarés. Ces documents sont riches et importants pour la constitution de généalogies et d'une prosopographie.
Citons le 10 novembre 1774, sous la plume du curé de Schirmeck, la naissance " dans la cense de Struthoff [l un enfant fils de Christ Murer et d Anne Sommer époux de la secte des anabaptistes ". En latin (ce qui est plus rare, le latin étant réservé aux catholiques), nous trouvons l'acte de décès de Jean Gingrich, en 1765, " more anabaptistarum sepultus est in horto ad hoc destinato in loco dicto Struthoff ", enterré à la manière des anabaptistes dans le jardin destiné à cet usage au lieu dit Struthof.
Différents rapports des administrations (intendance d'Alsace, préfecture, municipalités). Ils nous renseignent sur les habitudes des communautés, sur la façon dont les mennonites sont perçus, sur la taille des assemblées...
Les inventaires après décès d'individus issus de toutes les confessions nous permettent aussi de déterminer le type de relations entretenues par les mennonites. Les dettes passives ou actives sont révélatrices des activités des membres de l'assemblée et de leur rôle économique. Le 29 novembre 1787, la succession de Marie-Françoise Dispot de Grandfontaine doit à Hans Muller " annabaptiste tisserand résidant entre les deux Donons sept livres quinze sous (...Jpour façon de toille ". Les héritiers de Jean Edelbloutte (sic), mineur de Grandfontaine doivent quinze livres à Jean Nayehausre de Salin et trente-deux sols à Jacques Fongon de Malplaquet pour du beurre que
le défunt leur a acheté. Deux ans plus tard, c'est pour des pommes de terre que la succession de Leopold Pacquet charon de Grandfontaine est redevable de trente et une livres à un anabaptiste du Ban de Salm.
Le cadastre permet quant à lui de déterminer la superficie des terres occupées par les mennonites.

Conclusion
Le chercheur est confronté à un certain nombre de difficultés lorsqu'il travaille sur des sujets touchant à l'anabaptisme : connaissance des lieux ; repérage dans les documents ; collecte, interprétation et exploitation des données.
Devant la multitude des aspects, il se doit aussi d'aborder ses travaux avec un regard interdisciplinaire. Les angles d'attaque sont multiples. On peut en effet porter un regard d'historien sur l'anabaptisme et faire appel aux disciplines connexes et aux méthodes qui en découlent, telle que la prosopographie, mais aussi à l'histoire des mentalités, à l'histoire et à la sociologie des religions.
La théologie semble incontournable dans l'approche de tout groupe religieux : les textes tels que les Confessions de Foi, les Ordnungsbriefe se basent sur des fondements théologiques. La religion modèle la vie quotidienne et de ce fait, on ne peut négliger l'aspect religieux lorsqu'on se penche sur le quotidien mennonite.
L'aspect linguistique n'apparaît pas toujours comme évident et pourtant il ne faut pas oublier, dans le cas des mennonites bruchois, qu'ils constituent une minorité germanophone en territoire francophone. Dans son Wôrterbuch des Elsass, Clauss écrit au sujet de Bourg Bruche à la fin du X1Xème siècle: "Die Bev8lkerung spricht ein .franzôsisches Patois, mit Ausnahme der Gehôfte Hang, Evreuil u. Fraise, wo deutsch sprechende Mennoniten wohnen ".4 D'où une déformation des noms de familles, des problèmes liés à la langue (traduction, mal-entendus), avec l'impact que cette situation implique sur le regard des autres (méfiance, soupçon) et les liens tissés avec des non-mennonites germanophones.
4 CLAUSS (J), Wôrterbuch des Elsass, 1895, p.161.

Même si la minorité mennonite a essayé de se faire discrète dans le paysage religieux bruchois, elle a aussi suscité l'intérêt et la jalousie des contemporains. Elle a aussi subi les bouleversements politiques et les évolutions de la société dans laquelle elle évoluait. Microhistoire et macrohistoire s'influencent l'une et l'autre, les assemblées n'étant pas imperméables aux changements politiques et économiques. Il est donc naturel de trouver des traces de la présence mennonite dans des documents ayant trait à ces questions politiques et économiques, mais aussi dans les récits de voyages et les rapports des autorités.
Ma thèse aborde la minorité anabaptiste - mennonite sous ces différents aspects. Cette interdisciplinarité s'est aussi imposée grâce à l'analyse des sources, multiples et divers. Seul le croisement de ces données et de ces documents permet de dresser un tableau assez complet de la vie et de l'évolution des assemblées mennonites entre Donon et Climont du début du 18ème siècle jusqu'à la guerre de 1870. Aborder l'anabaptisme uniquement sous un angle ne rendrait qu'une image partielle de ce qu'était une assemblée mennonite et de son évolution.
Les documents utilisés sont issus majoritairement -pour ne pas dire en totalité- de fonds publics (Archives Nationales, Départementales, Municipales). Les fonds privés donnent un éclairage différent sur l'Histoire mennonite car ils sont constitués de documents internes aux Assemblées et aux familles. Ils sont des témoins proches et privilégiés de l'existence des individus. Chaque document est important pour contribuer à l'écriture de l'Histoire et renforcer la mémoire collective. Pour ma part, je recherche encore des témoignages écrits et oraux de la vie des mennonites bruchois, qui me permettraient d'apporter cet éclairage à ma thèse. A bon entendeur...

Françoise NAAS.


(Extrait de "Souvenance anabaptiste")

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